Parler de la gestion du temps est un sujet passionnant et qui répond à de nombreuses attentes.
Comment avoir plus de temps ?
Comment être plus efficace dans son temps de travail ?
Comment profiter pleinement du temps dont dispose-t-on ?
Toutes ces questions sont légitimes dans un siècle où la valeur du temps s’est fortement dégradée et rime majoritairement avec argent, productivité, mais aussi bien-être personnel et familial, une quadrature bien difficile à réaliser.
Avant de donner quelques pistes pour optimiser son temps, il me semble plus que nécessaire d’aborder quelques éléments de réflexions sur le temps, justement, et de revenir sur la naissance du temps comme nous la connaissons aujourd’hui.
L’organisation du temps, au départ, un besoin religieux puis économique
Depuis l’antiquité la gestion du temps est réalisée par le clergé, que cela soit dans l’Egypte antique, la Grèce, Rome, l’Europe du Moyen-âge.
Cette organisation qui rythme la vie des offices, rythme également la vie de la population en de grandes tranches horaires du lever au coucher du soleil.
Les journées de travail s’adaptent aux saisons, aux jours plus courts en hiver et plus longs en été, la majorité des professions interdisant le travail à la bougie, c’est-à-dire dès le coucher du soleil.
Le développement des villes et l’organisation des corps d’état et métiers, avec la naissance des entreprises structurées, vont perturber cette organisation en déplaçant la maîtrise du temps, grâce à la naissance au XIVe siècle des premières horloges urbaines.
Dès lors deux temps rythment la journée, le temps religieux immuable, attaché aux offices et le temps public, social, urbain, qui rythme le travail et fractionne la journée en parts égales, les heures.
Les premières répercussions de ce nouveau rythme sont principalement économiques avec une organisation nouvelle des journées de travail et l’apparition d’un nombre d’heures imposé induisant le travail lorsqu’il fait nuit, une perte certaine de liberté dans la gestion de son temps personnel et un cadre plus rigide dans le temps collectif.
Le temps, une valeur abstraite
La notion de temps est fondamentalement attachée à votre propre perception de ces heures, minutes, secondes qui défilent et organisent nos journées. Suivant notre âge, jeune, adulte, « vieux », nous n’accordons pas au temps les mêmes valeurs, soit il défile rapidement, soit il est long et ennuyeux. Ainsi, lorsque notre attention est captée, notre intérêt motivé par la qualité d’un sujet, livre, film, discussion, travail, notre rapport au temps évolue vers l’un de ces facteurs vitesse ou lenteur de défilement. Nous nous sommes tous retrouvés devant de tels constats, exprimant notre propre rapport au temps dans notre langage « Je n’ai pas vu le temps passer ! » ou « Que cette journée a été longue… ».
Il est indispensable de prendre en compte ces différents facteurs afin de trouver les moyens qui vont permettre d’optimiser notre temps.
Les vraies questions à se poser sont : Quel est mon rapport personnel avec le temps, quelle valeur je lui donne ? En effet, il n’est pas possible de mettre en place des éléments favorisant la gestion de son temps, y compris le temps professionnel, sans avoir répondu préalablement à ces questions.
Distinguons tout de suite les deux éléments indispensables à prendre en compte pour aborder cette problématique de la gestion de son temps et déplaçons notre centre d’intérêt vers l’optimisation de celui-ci dans le cadre professionnel. Voyons d’abord ce qui relève du temps choisi et ensuite ce qui relève du temps imposé, des obligations.
Le rapport au temps choisi ne semble pas un problème en soi, disposer de temps pour soi durant lequel on fait ce qui nous satisfait et nous intéresse est légitime, mais demande cependant une organisation, car il induit des risques de débordement et justement, de mauvaise gestion.
L’homme est à la recherche constante de son autosatisfaction, nous sommes fondamentalement des êtres épris de liberté, de notre liberté, mais en même temps nous sommes enclins à offrir notre temps à des sujets inutiles et qui nous font perdre notre liberté (faut-il donner la télévision comme exemple ?).
Il est donc facile de privilégier le choix personnel d’organisation des tâches à accomplir suivant des critères émotionnels ou d’intérêt et de délaisser les obligations.
Pourtant, celles-ci ont souvent plus de poids, de présence dans notre quotidien que le temps choisi.
Comment dès lors planifier notre temps choisi et faut-il le faire ? Ma réponse est oui, il faut planifier son temps choisi et il faut l’organiser.
Il doit être prioritaire à tout le reste et constituer la base autour de laquelle vous allez organiser votre temps imposé.
Beaucoup de gens font l’erreur de procéder à l’inverse, donnant une priorité aux obligations sociétales et professionnelles au détriment de leur vie privée, erreur qui conduit à des situations de stress et à des conflits qui peuvent être dévastateurs et briser des vies.
En partant du principe que vous vous accordez la priorité temporelle, vous pouvez plus facilement définir l’organisation de votre temps professionnel et structurer celui-ci en fonction des tâches, missions, obligations à accomplir. Commencez donc toujours par définir l’importance de votre temps personnel.
Le temps imposé : une contrainte ou une chance ?
Dans le cadre professionnel, le temps imposé va dépendre de votre statut, salarié, cadre, indépendant, chef d’entreprise. Il est sur le principe contractuellement défini dans le cadre d’une activité salariale, non défini pour un cadre et un indépendant, un dirigeant.
Nous pouvons tout de suite voir que sa gestion ne posera pas les mêmes problèmes suivant votre activité et que les solutions devront être adaptées pour répondre à votre situation.
Salariat.
Le principe même d’une situation salariée est attaché à l’accomplissement de tâches journalières définies suivant votre poste.
Ces tâches peuvent être structurées et répétitives, mais également comporter des ajouts ponctuels liés à des imprévus. Sur un principe général, la méthodologie organisationnelle que vous devez mettre en place est influencée par le profil même de votre activité salariée.
Cadre.
La fonction de cadre est souvent mal comprise et assimilée à des avantages qui sont loin d’être toujours favorables à la personne. En effet, sur le principe, un cadre n’a pas d’horaires et affronte un ensemble de tâches imposées, ainsi que des obligations de gestion d’équipe et de décisions portant à conséquence.
Cet État induit des incompréhensions tant de la part des supérieurs à des subordonnés. Les répercussions immédiates sont : la génération d’un état de stress handicapant la personne dans l’accomplissement de ses tâches et des zones de conflits avec les subordonnés par la répercussion de contrainte attachées à la productivité.
Indépendant.
Être indépendant demande de bien structurer le rapport temps privé / temps professionnel.
Ici, pas de supérieurs, ni de subordonnés, être son propre patron demande la mise en place d’une organisation visant à optimiser les temps de travail en terme de productivité et de tâches imposées liées à des contraintes administratives.
Dirigeant.
Être dirigeant n’est pas non plus une situation facile, la taille de l’entreprise induit souvent des contraintes de temps et des obligations qui handicapent la vie privée et produisent des situations de stress intense.
L’esprit est alors occupé en permanence et le corps comme le psychique s’épuisent dans les responsabilités.
Seuls la délégation de tâches et le retrait favorisent une bonne prise de décision.
Trop de temps à travailler = risques d’une surchauffe
Il est clair aujourd’hui que les conditions de travail et la gestion du temps deviennent un argument important pour tout le monde.
Même si nous sommes résistants physiquement et mentalement, trop de travail provoque à long terme une surchauffe qui peut conduire, suivant les conditions, au stress, à la dépression, voire à des problèmes familiaux, mais surtout à une perte de nous-mêmes et du temps que nous devons nous consacrer pour nous épanouir dans notre vie.
Notre corps comme notre cerveau ne sont pas des machines, mais des systèmes qui ont besoin de repos pour être productifs. Prenons un exemple : pourquoi baille-t-on ?
Le bâillement est la répercussion physique d’un besoin physiologique du cerveau, un apport d’oxygène.
Ainsi, quand nous baillons, notre cerveau nous indique un état de surcharge intellectuelle et le besoin de s’oxygéner par le repos ; une pause s’impose donc !
En connaissant votre corps et en étant à l’écoute de celui-ci, vous optimiserez également votre gestion du temps, de votre temps.
Jean-Frédéric Berger